Famille Quand les petits boudent la nounou
L'automne est une période de grande fatigue chez les nourrissons et les jeunes enfants, d'où l'apparition d'inévitables crises de larmes. (REA/PIERRE BESSARD.)
JUSQU'A MAINTENANT tout allait bien. Assistante maternelle sympa, bambin souriant, échanges rassurants... Et puis voilà qu'au retour des vacances de la Toussaint, on se retrouve avec une petite boule hurlante cramponnée à sa jambe sur le palier, qui tourne délibérément le dos à la nounou et refuse d'avancer. C'est de saison, observent effectivement les psys, dont les explications aident à dédramatiser ces crises automnales. « C'est très angoissant », confie Laurence, secrétaire à Paris et maman d'Arnaud, 19 mois. « Après deux mois sans problème, il s'est mis à pleurer le matin. Je culpabilise, je me pose forcément plein de questions. » Alors, comment réagir ?
Des repères chamboulés Des petites crises inévitables. « S'il y a réaction, c'est qu'il y a changement », explique Dominique Guillaume, psychologue en Seine-Saint-Denis. « L'enfant manifeste un tourment, cela ne veut pas dire que c'est grave, mais qu'il faut l'écouter. » Nouveau lit, arrivée d'un petit qui accapare la nounou à ses dépens, présence d'un adulte non familier, suffisent à chambouler les repères de l'enfant. A l'automne, comme au début du printemps, deux périodes de grande fatigue, ces crises sont plus fréquentes. Sans oublier qu'entre 18 mois et 2 ans, la période du « non » est celle où l'enfant teste les nerfs des parents. Un trimestre délicat. Le premier trimestre est moins facile, c'est la période où les nounous accueillent de nouveaux enfants à leur domicile, ce qui suppose des petits ajustements et des frustrations. La clarté diurne, apaisante, fait place brutalement à de plus longues périodes d'obscurité. Pour sécuriser les petits, « la confiance, c'est vraiment le mot clé ! », assure Elisabeth, assistante maternelle à Paris depuis quinze ans. « Tous les petits à un moment ou à un autre se cramponnent à leur mère ou à leur père le matin. Si les parents nous font confiance, ces crises s'arrêtent souvent net une fois la porte claquée. S'ils doutent de nous, l'enfant le ressent. » Les parents doivent avoir accès à la chambre où l'enfant dort, le déroulé de la journée doit être expliqué, le dialogue quotidien. Les signes qui inquiètent. Pour Dominique Guillaume, c'est « la répétition des crises » qui doit alarmer. Si l'enfant pleure quand vous l'amenez le matin, mais aussi lorsque vous venez le rechercher, s'il se réveille la nuit, se replie sur lui-même et pique des colères pendant plusieurs semaines, un bilan avec la nounou s'impose, et les doutes doivent être exprimés. En n'hésitant pas, éventuellement, à débarquer par surprise à son domicile : « L'assistante maternelle risque d'en être blessée si elle n'a rien à se reprocher. Mais s'il y a négligence vous en aurez le coeur net. »
Florence Deguen
Le Parisien , mercredi 12 novembre 2003
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